
Témoignage N°16 – Thimothé
30/10/2025Témoignage N°17- Pierre
Le projet "Cœur de Socios" vise à recueillir et partager les témoignages émouvants des supporters du FCSM, avec l'objectif de publier un recueil de 100 portraits pour célébrer les 100 ans du club en 2028.

Une passion pour le FCSM : La traversée des époques
Quel bonheur de ressentir la passion du FC Sochaux Montbéliard en famille. Lors de notre échange avec Fabrice, nous avons découvert avec émotion que la passion pour le FCSM lui avait été transmise par son oncle. Curieux et touchés par cette histoire, nous avons demandé à Fabrice les coordonnées de son oncle pour plonger encore plus profondément dans cette belle aventure familiale. Pierre, l'oncle en question, nous partage aujourd'hui son parcours. Il est né dans le charmant petit village de Landresse, aux portes du Haut-Doubs, un lieu ayant inspiré l'auteur de "La Guerre des boutons". Il nous raconte également avec passion qu’il a toujours aimé le football. Avant de connaître le FCSM, Pierre supporte la grande équipe de Saint-Etienne. Il écoute également les résultats de Besançon à la radio. Rien ne laisse présager d’une rencontre avec le FC Sochaux.
C’est en 1977 que son histoire d’amour avec le FCSM débute, histoire comme beaucoup liée à celle de Peugeot. Jeune homme de 17 ans, il commence à s’intéresser au club poussé par les copains qui l’embarquent au stade, le vieux Bonal. Une belle époque, une équipe portée par Paul Barret aux noms emblématiques dans le monde du football : Rust, Bats, Posca… Un passage à l’armée à Montbéliard le rapproche encore plus du club. En tant que militaire, il a accès aux matchs gratuitement et en profite pour emmener ses copains d’Eure-et-Loir ne connaissant pas le foot, en R5 précise-t-il. Grâce à cet avantage, il se rend à tous les matchs. Il prête même sa voiture à ses copains pour se rendre au match sans lui à condition qu’ils supportent bec et ongles le FC Sochaux. On ne badine pas avec le FCSM.
Il se remémore avec une douce mélancolie l’époque où le FCSM brillait sur la scène européenne dans les années 80, sous la houlette de Genghini. Sochaux a su éliminer des équipes redoutables comme le Servette de Genève, Boavista Porto, Francfort et Zurich, mais a finalement trébuché en demi-finale face aux Néerlandais d’AZ’67. Pierre garde en mémoire chaque instant de cette épopée. Parmi les joueurs de cette formation, il y avait un certain Revelli, talentueux footballeur ayant fait ses armes à Saint-Étienne. Connaisseur avisé des Verts, il n’a pu cacher sa surprise en découvrant son transfert au club doubiste. Cela témoigne de l’aura du FCSM en ce début des années 80. Il se souvient également d’une rencontre mémorable entre Sochaux et Saint-Étienne au vieux stade Bonal, où la foule en liesse avait contraint les organisateurs à ajouter des bancs pour accueillir tous les passionnés.
Après une période creuse, Pierre nous parle avec émotion de l’équipe de Jean Fernandez, celui à qui nous devons la remontée du club en Ligue 1. En effet, la saison 2000-2001 est remportée par le FCSM avec 75 points. C’était, dit-il, “phénoménal”. Pierre apprécie particulièrement Jean Fernandez qu’il appelle familièrement Jean, car il a construit une équipe avec les jeunes du centre, Pedretti, Frau (qu’il croise et salue encore régulièrement). De cette époque, il se souvient qu’un soir à 23 heures alors qu’il travaillait à Peugeot, Jean Fernandez a fait visiter l’usine aux joueurs en saluant tout le monde. Pierre l’a interrogé sur la très probable montée : “Alors c’est bon, c’est fait ?”. Jean lui a répondu qu’il fallait rester prudent malgré la belle avance prise par le club. Un modèle de modestie. Pierre a été touché par cet évènement et le lien qu’a tenu à entretenir Jean Fernandez avec les employés de la Peuge. Les joueurs se devaient de mouiller le maillot pour faire honneur aux ouvriers passionnément supporters.
Puis, il a suivi l’arrivée de Guy Lacombe et le bonheur d’évoluer en Ligue 1. Pierre a fait tous les déplacements au Stade de France : la finale perdue contre Monaco (Coupe de la Ligue) et les deux victoires contre Nantes (Coupe de la Ligue) et l’OM (Coupe de France). La première fois, il part avec des copains en train et découvre Paris. De beaux souvenirs dans le métro puis dans les rues de Paris, croisant des supporters en liesse et des Parisiens souriants qui les aident à retrouver leur chemin. La deuxième fois, il se rend au stade en voiture et se souvient de l’arrêt de Teddy Richert sur le penalty tiré par Landreau, la fameuse Panenka loupée. La troisième et dernière fois, il choisit le bus, un long trajet épuisant mais avec de belles émotions à la clé contre Marseille avec Perrin comme entraîneur. Il tient à souligner l’importance de Michaël Isabey car c’est en partie grâce à lui que Sochaux s’est qualifié en finale de la Coupe de France contre Marseille. Malgré tout, l'entraîneur ne le retient pas pour jouer la finale ce qui lui attire la colère des supporters. Au retour du match dans la fan zone, il est copieusement sifflé rendant l’intervention de Monsieur Plessis obligatoire pour calmer le jeu.
Des anecdotes, Pierre en a des dizaines et nous en raconte une marquante. Un soir, il est appelé pour dépanner l’usine de Mulhouse. Pierre refuse car c’est soir de match, soir sacré. Encouragé par son employeur, il finit par accepter, alors qu’il avait quasiment le goût des merguez dans la bouche, vivant à deux pas du stade. Pour le remercier, Peugeot lui a offert deux places en présidentielles pour le match suivant. Joli geste qui lui a permis de s’y rendre avec son fils. Ainsi, sa passion pour le FC Sochaux a commencé avec les copains puis s’est perpétuée avec sa famille. Il a entraîné son fils et son voisin puis son neveu Fabrice en lui donnant envie lors des repas de famille. D’ailleurs, Pierre fait souvent avec lui les commentaires d’après-match. Des moments importants à vivre en famille. Il se rend également au match avec sa femme qui suit tout aussi assidûment le club. A deux, ils privilégient les places en populaires car les places en secondes provoquent le vertige de son épouse.
Dans la région, le FCSM est une véritable institution qui plus est depuis la construction du nouveau stade. C’est la fierté de deux villes, Sochaux et Montbéliard, même en National. Pierre, longtemps abonné, se rend toujours régulièrement au stade pour voir le club évoluer. Lors de la descente en Ligue 2 en 2014, Pierre se désabonne car il ne se reconnaît plus dans les valeurs du club. Il a vécu avec douleur la vente du club et n’aurait jamais pensé que les dirigeants de Peugeot devenu Stellantis puissent se débarrasser du club. Car Peugeot représentait l’ADN du club, fondé par Jean-Pierre Peugeot pour ses ouvriers. Les lendemains de match, tous parlaient des résultats. Il y avait une vraie culture d’entreprise autour du club. L’ambiance ne doit plus être la même nous dit Pierre.
Concernant l’été 2023, Pierre a très mal vécu la période car le club menaçait de descendre très bas au même titre que le club bordelais aujourd’hui. Impensable pour lui, qu’un tel club disparaisse après sa fondation en 1928. Et pourtant, années après années, il a vu venir 2023, insidieusement et inévitablement. Il entendait des rumeurs d’achat d’un terrain sur le territoire de Belfort pour refaire un centre de formation… le pressentiment d'une stratégie financière peu fiable. Pierre a vu juste. Durant les années post-2014 en Ligue 2, il a senti sur le terrain de la démotivation, et plus aucun engouement en raison de la situation critique du club. Malgré tout, il garde l’espoir et c’est “la mort dans l’âme” qu’il apprend la fin lors de l’été 2023. Impossible d’y croire, impossible de croire qu’un club historique connu partout en France disparaisse.
Aujourd’hui, il est donc heureux de ce renouveau en National, porté par la TNS et tous les autres supporters. Il remercie Jean-Claude Plessis d’être revenu, Pierre Wantiez ainsi que toutes les entreprises locales et les agglomérations qui se sont mobilisés pour la sauvegarde du club. Il remercie la TNS qui sait si bien transmettre sa passion et qui représente l’âme de ce club en mettant une ambiance de folie, que beaucoup envient. Au lancement de la levée de fonds, Pierre n’a pas hésité à participer, en témoigne son numéro de socio 2369. La saison 2023-2024, qui s'ensuivit nous a permis de nous maintenir grâce au bon travail d'Oswald Tanchot et de son staff. Malgré les débuts difficiles, faute de préparation, il a su mobiliser les joueurs et créer une équipe compétitive. Cette saison, les soirs de matchs promettent de beaux moments avec les nouveaux projecteurs LED et une belle équipe.



