
Témoignage N°15 – Jérémy
15/10/2025Témoignage N°16- Thimothé
Le projet "Cœur de Socios" vise à recueillir et partager les témoignages émouvants des supporters du FCSM, avec l'objectif de publier un recueil de 100 portraits pour célébrer les 100 ans du club en 2028.

Une passion intergénérationnelle: L'Histoire de Thimothé
Thimothé a 28 ans, originaire de Savoie, il vit à Paris depuis 5 ans. Le sport tient une place très importante dans sa vie, tant dans son travail que dans ses loisirs. Il joue au foot depuis 20 ans.
La famille de sa maman supporte Saint Etienne, mais c’est du côté paternel et du FCSM que l’histoire footballistique de Thimothé s’enracine. Son arrière grand père fut le 1er trésorier du club. Il était animé d’une véritable passion pour Sochaux qu’il a suivi toute sa vie. Souvenir marquant de la mémoire familiale, il est décédé en plein match au Stade Bonal. Il a néanmoins transmis sa flamme pour le club à ses enfants et ses petits enfants. Témoin de cette passion intergénérationnelle, la famille se transmet un véritable trésor : la réplique de la Coupe de France de 1937, symbole d’une des périodes les plus fastes de l’histoire du club.
Baigné par cette ambiance familiale, Thimothé suit Sochaux depuis sa plus tendre enfance. Il découvre les Lionceaux avec la génération 2004 : l’entraîneur Guy Lacombe, Pierre Alain Frau, Benoît Pedretti, Sylvain Montsoreau... Comme figures marquantes, il citera Mevlut Erding, Marvin Martin, Omar Daf ou les anciens du centre tels Konaté, Thuram, Prévot ou Lacroix. Il distingue Teddy Richert qui restera pour lui un gardien de légende. Retenons le regard bienveillant voire « ému » qu’il s’attache à garder sur les anciens Sochaliens qui poursuivent leur carrière sous d’autres cieux.
C’est d’abord avec une posture décalée qu’il vit la passion jaune et bleue. Habitant en Savoie, il lui est compliqué de partager son amour du club avec ses copains plutôt supporters de Chambéry ou de l'OL. C'est ainsi qu'il a vécu la finale de 2007 au milieu des supporters lyonnais qui l’ont beaucoup chambré mais, au final, c’est bien lui qui a pu pleinement savourer la victoire de Sochaux. En 2010/2011, son équipe favorite, alors en Ligue 1 se déplace à Chambéry pensionnaire de National 3. A priori une victoire toute prévisible. Hélas, le sort en a décidé autrement puisque les lionceaux ont été vaincus. Cela n’a néanmoins en rien entamé l’enthousiasme et la témérité de notre supporter qui a fièrement porté le maillot de Sochaux lors de son retour au collège. Puis les réseaux sociaux vont lui permettre de se rapprocher de l’actualité du club.
En 2015/2016, il intègre la Bande à Bonal, association fondée par un certain Mathieu Triclot dans l’objectif d’amorcer des réflexions suite à la vente du club, alors toute récente et déjà inquiétante, à Ledus. Dans la continuité, il assiste et participe à la naissance de l’association Sociochaux en 2018. Nous connaissons la suite avec l'annonce de la DNCG au début de l’été 2023 qui officialise la rétrogradation du club en National 1 en raison d'une situation financière catastrophique.
Comment Thimothé a-t-il vécu cette annonce et s’attendait-il à un tel désastre ?
C’est un sentiment de surprise qui l'a accompagné. Certes, il savait que le marché de l’immobilier se dégradait en Chine, pour autant, Nenking avait toujours assuré ses engagements financiers et le groupe chinois avait eu le projet de construire un nouveau centre de formation dans le territoire de Belfort. Le coût de ce projet de plusieurs millions d'euros pouvait laisser à penser que Nenking disposait d'une solide assise financière. Thimothé trouvait, en revanche, inquiétants les propos de Samuel Laurent qui se vantait de ne rien connaître au foot. Ses griefs contre l'ancien dirigeant sont nombreux. Globalement il fustige l’opacité du discours des dirigeants qui ont fait croire que tout allait bien et qu'il était possible de retrouver un repreneur.
En cet été 2023, la vie suit cependant son cours et l'histoire familiale et celle du club se rejoignent à nouveau. Thimothé a la joie d'accueillir sa première petite nièce le 10 juillet. Moment de bonheur terni dès le lendemain par l’annonce de la DNCG qui en confirmant la rétrogradation du club en National 1, laissait augurer d'un sort compliqué pour le club. Notre supporter est assailli de sentiments ambivalents. Bonheur familial d'un côté et tristesse d'un autre. Thimothé nous confie qu'il a l’impression de vivre un deuil. C’est une part importante de lui qui s'en irait si le club venait à disparaître. Ce moment a été révélateur de ce que le club représentait pour lui.
Sochaux fait partie de son identité. Il aime cette équipe pour ses valeurs d’abnégation, d’humilité et de travail. C’est plus que du foot, c’est un attachement à un territoire dans lequel il se sent chez lui, sans jamais y avoir vécu. C’est une connexion avec des gens qu’il ne connait pas, qui s’établit dès lors qu’il porte un maillot de Sochaux. C’est aussi quelque chose qu’il sait partager avec un arrière grand père et une grand-mère qu’il n’a pas connus directement. Il retrouve les valeurs de l’équipe dans l’association Sociochaux et en tous ceux qui font le renouveau sochalien depuis un an. Désormais, Sochaux, c’est un héritage à transmettre. A ses amis lyonnais en premier lieu, à qui il a déjà pu faire goûter la sympathie générale et la ferveur surréaliste de Bonal lors de l’épopée en Coupe de France. Il tente aussi de créer des liens lors de ses nombreux voyages autour du monde où il emporte toujours un maillot qu’il revêt le jour de la visite la plus importante du séjour.
Alors en plein cœur d'une des périodes les plus sombres de l’histoire du club, il n’abandonnera pas et poursuivra son engagement de plus belle. Nous connaissons tous la suite avec cette incroyable mobilisation populaire et le succès phénoménal de la levée de fonds concomitante au rachat du club initié par Jean Claude Plessis et Pierre Wantiez. L'engagement de Thimothé ne s’arrête pas là. L'association Sociochaux ayant lancé toute une série de projets visant à pérenniser le lien entre le club et le territoire, il intègre l'un d’entre eux : le recueil de témoignages. Il s’investit également dans la commission Communication. Il ne veut plus subir mais être acteur en mettant une partie de son temps libre et de ses compétences informatiques au service de ces différentes structures.
Rétrospectivement quel regard porte-t-il sur la première saison en National ?
Il a été agréablement surpris par la première partie de saison et ne comprenait pas que l’équipe soit si forte. Composée de très jeunes joueurs qui n’avaient pas bénéficié de la préparation pendant l’été et qui avaient enchaînés les matchs. Il avait pressenti que l’équipe allait subir un contre coup. Coupe de France ou pas. La seconde partie de saison l’a fait douter, il a eu peur de descendre et même s’il a rêvé à mieux, il s’estime, au final, satisfait du maintien.
Son état d’esprit quant à l’avenir du club ?
Il avoue avoir une petite crainte que l’équipe s’enlise en National mais il est tout de même serein. Il sent également revenir un vent d’optimisme à travers le renouvellement du public, les fortes affluences et la prise de conscience générale.
Avec Thimothé, nous avons dressé le portrait d’un jeune homme pleinement investi dans ses passions. Revenons un instant en 1976, lors des obsèques de l’arrière grand père de Thimothé. « Jacques Thouzery, eut ces mots suite à son décès. Il a mis au service du FCSM sa compétence, sa lucidité, son intégrité et son expérience. Membre du comité directeur et trésorier général, il a su, dans les moments difficiles, aiguiller notre politique avec sagesse et efficacité».
Des paroles qui résonnent pleinement après la tourmente de l’été 2023 à travers les valeurs reprises par son arrière petit fils et une grande partie du peuple jaune et bleu. Sochaux vivra.



